dimanche 5 février 2017

Contre-enquête sur la Mort d'Emma Bovary de Philippe Doumenc



Lors de l'agonie d'Emma Bovary, deux médecins sont appelés à son chevet pour tenter de la sauver. Malheureusement, il n'y a plus rien à faire; et si tout tant à croire que la jeune femme a mit fin à ses jours, les deux médecins sont dubitatifs.
Deux policiers de Rouen sont alors dépêcher à Yonville pour lever le voile sur l'affaire. 
Emma Bovary s'est-elle suicidé comme Flaubert l'a écrit, ou l'a t-on éliminée pour taire une vérité bien plus sordide ?


Quiconque s'est un peu penché sur Madame Bovary après sa lecture sait que Flaubert a commit une erreur dans le suicide d'Emma, car on ne meurt par d'une prise unique d'arsenic. Il faut en prendre sur le long terme pour y succomber. 

Partant de ce principe, je trouve l'idée très intéressante de tourner cette anecdote à son avantage pour partir sur un meurtre et continuer l'histoire par une enquête. 
Oui j'étais prête à embrasser cette idée à bras le corps si elle n'avait pas dénaturé tout ce que j'aime dans le livre et tout ce qui, pour moi, fait la beauté du roman.

J'ai trouvé que beaucoup de personnages étaient exagérés et se montraient trop explicites, certaines réécritures m'ont semblé impossibles et le dénouement a vraiment été le moment le plus pénible à lire (ah, c'est lui l'assassin ? Bon...).
Je n'ai même pas reconnu le personnage d'Emma qui, loin d'être romanesque, devient carrément une prostituée ! 

J'ai bien remarqué que l'auteur s'était servi de plusieurs éléments présents dans le roman et que beaucoup de situations s'en trouvent explicables, mais je trouve que tout ça n'est pas compatible avec le caractère des personnages. 

Mais ce qui m'a irrité par dessus tout, c'est que ce roman se veut le récit véridique de l'affaire Bovary. Flaubert a menti, Emma Bovary ne s'est pas simplement suicidée et une affaire bien plus sordide se cache sous cette histoire, au point que son roman semble bien fade à côté des faits réels. 
Alors est-ce une manière de rendre encore plus réelle l’œuvre un tantinet romanesque que Flaubert s’évertuait déjà à rendre réelle ? J'ai peur de partir un peu loin... 

De plus, j'ai trouvé l'enquête assez courte (moins de 200 pages) et sa résolution un peu trop rapide; on a pas vraiment le temps de s'attacher au personnage principal et je l'ai trouvé assez mou dans ses investigations (c'est à se demander s'il aurait réussi à boucler l'affaire si les suspects ne s'étaient pas montrés aussi bavards d'eux-même !). 

J'ai tout de même relever quelques points positifs, comme l'écriture, qui ne jure pas avec celle de Flaubert et que j'ai trouvé très agréable, ou l'apparition de Gustave Flaubert lui-même à Yonville, ou encore le personnage de Mme Homais, la femme de l'apothicaire, qui se révèle plus attrayante que dans le roman d'origine. 


Lorsque je me suis lancée dans mon mois relecture, c'est le premier roman sur lequel je m'étais précipitée, car j'avais le souvenir de l'avoir apprécié adolescente, mais au bout de quelques pages, je me suis dit que je ne pouvais pas le lire sans avoir le roman de Flaubert fraichement en tête. Alors je l'ai reposé pour commencé Madame Bovary, et je trouve drôle de voir qu'avec le temps, mon point de vu a changé. 
Je ne dirais pas que Contre-enquête sur la Mort d'Emma Bovary soit un flop, ni même une mauvaise réécriture. Elle est au contraire très intéressante et je la conseillerais comme lecture complémentaire à Madame Bovary (ce qui a été mon cas au lycée), mais pour ma part, le fait que l'auteur balaye d'un revers de main tout ce qui fait l’intérêt de l’œuvre originel à mes yeux ne peut pas me le faire aimer.

Mademoiselle C.

1 commentaire:

  1. C'est exactement ça ! Emma en devient presque une prostituée, et c'est CE point bien précis que je n'ai pas du tout cautionné ! ;)

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